La pause déjeuner était l’un des moments de la journée qui passé très vite, sans qu’on n’est jamais vraiment le loisir de le savourer. C’était injuste, quand on pensait qu’en comparaison il y avait bien des cours qui s’étiraient en longueur dans le temps, alors qu’ils étaient juste dénués de tout intérêt. Mis à part quelques cours qu’elle affectionnait particulièrement, son moment favori restait avant tout, l’intercours. C’était le moment où on pouvait respirer un peu d’air et faire bouger ses jambes, après une longue immobilité en étant entassés dans un amphithéâtre ou on avait soit trop chaud soit trop froid selon la saison. Sans compter que c’était aussi l’occasion de boire un bon café, de prendre parfois une gourmandise au passage et surtout de discuter librement avec les autres étudiants.

Meredith jeta son sac en travers pour que la lanière repose sur son épaule gauche, alors que son sac tapait contre son flanc droit. Comme chaque mercredi, ou plutôt un mercredi sur deux c’était l’un des rares jours où elle devait manger à 13h30, avant de reprendre à 14h. Une petite course contre la montre qu’elle avait appris à gérer en mettant en place une stratégie ! Déjà elle avait abandonné bien vite l’idée d’aller à la cafétéria, au à un snack, ou à chaque fois elle avait au moins 20 minutes de file d’attente ! La jolie brune avait pris le parti d’emporter un repas qu’elle préparé la veille et elle allait dans un coin ombragé et un peu en retrait qui restait à l’intérieur de l’enceinte de la fac. Ainsi elle pouvait ensuite rapidement se rendre à son cours suivant.

La seule chose qui la chagrinait dans cette histoire était qu’elle n’avait trouvé personne qui soit dans la même configuration qu’elle et qu’y puisse du coup partagé cette pause repas. La jeune femme s’en était accommodée avec le temps et elle avait appris à profiter de cette parenthèse en solitaire, qui la coupait un peu de son quotidien. Par quelques pas rapides elle rejoignit le couvert des arbres et vint s’asseoir sur un coin de pelouse, où il n’y avait pas un étudiant à au moins 7 mètres, ce qui était un petit miracle dans ce genre d’établissement.

Une fois assise, elle sortit sans plus attendre sa lunch box dans laquelle se trouvait une salade multicolore. Meredith sortit aussi de son sac, la sauce qui accompagnait son plat, des mini-couverts et une paire de lunettes de soleil qu’elle glissa sur son nez. Elle venait à peine de savourer sa première bouchée qu’elle vit un étudiant passer non loin du couvert des arbres. C’était rare de voir quelqu’un passer par ici, du coup cela attira son attention. Quel ne fut pas sa surprise de reconnaitre cette silhouette, elle le héla d’une voix forte :

« Nathan ! » En même temps elle fit un signe énergique de la main en levant son bras en l’air pour indiquer sa position. Une fois qu’il fut un peu plus près elle dit d’une voix à volume plus normal, tout en se relevant. « Salut ».

Une fois Nate parvenu à ses côtés, ils se saluèrent l’un l’autre et Meredith l’imita en retrouvant sa place sur l’herbe verte de la pelouse de la faculté. Avant de reporter son attention sur son repas, elle jeta un regard en biais en direction de son ami. Il semblait fatigué, comme à bout de force, pourtant la journée était loin d’être terminé. Elle l’écouta tout en commençant à prendre quelques bouchées de sa salade, pour éviter que l’on entende les gargouillements de son ventre impatient. Après trois bouchées, elle posa sa mini-fourchette dans sa lunch-box et en relevant sa tête vers le jeune homme elle lui sourit tout en répondant :

« Ouais je comprends, c’est vrai que c’est galère. Moi j’ai eu de la chance, on n’a accepté ma candidature pour faire un stage de photographie au sein du journal de la fac. Si tu veux vendredi après-midi, on pourrait aller faire un tour en ville pour écumer quelques entreprises ensemble pour te trouver un stage. Qu’en dis-tu ? »

La petite brune lui avait fait cette proposition car elle avait bon cœur et qu’elle ne pouvait s’empêcher d’aider ses amis comme elle le pouvait. Et elle avait suggéré le vendredi après-midi, car s’était généralement le jour où ils se retrouvaient car tous deux finissaient les cours plus tôt que les autres jours de la semaine. Meredith aurait aussi pu lui proposer le weekend, mais elle songeait que cela ne serait pas très commode d’aller dans des entreprises, qui seraient surement fermés ces jours-là.

Une fois son invitation de lancée elle se remit à manger, encouragée par le fait que Nathan faisait de même en croquant dans son sandwich. Puis sans crier gare le jeune étudiant se mit à parler à cœur ouvert en abordant un sujet très inattendu et à la fois très déconcertant et délicat. Meredith venait juste avant de délaisser sa salade au profit de sa bouteille de jus de fruit. Quand elle entendit son discours elle déglutit de travers, manquant de s’étouffer avec sa boisson. La jeune femme reposa sa bouteille et toussa fortement en regardant avec des gros yeux son ami. Son regard à lui seul suffisait pour lui faire passer le message : « Pourquoi tu dis ça ? Ça ne va pas ! »

Attrapant le couvercle de sa lunch box elle referma résolument celle-ci avec. Elle n’avait qu’à peine mangé la moitié de son contenu et elle avait encore faim, mais cela attendrait. Il y avait bien plus urgent à faire pour l’instant et elle ne voulait pas être tentée par sa nourriture. Meredith posa une main amicale sur le bras de Nate, peu après qu’il ne se soit tourné. Elle ne tenta pas de sourire cette fois, elle savait d’avance qu’elle en serait incapable et même si elle n’était pas très forte pour ce genre de discours elle se lança tout de même :

« Nate, pourquoi me demande-tu cela maintenant ? Tu es jeune et en bonne santé il ne va rien t’arriver avec de longues, très longues années ! Tu n’es pas malade ? »