E04 - La longue attente…

Prudence n’avait pas beaucoup de temps devant elle ce matin-là. Certes, elle commençait plus tard mais la jeune femme n’aimait rester sans rien faire. Phoebe lui avait demandé si elle pouvait rester au manoir jusqu’à son retour, car l’une de ses amies devait arriver incessamment sous peu et que la voyante de la famille n’aurait pas le temps de traverser la ville en si peu de temps.
Bien qu’un peu dépitée au premier abord, la Charmed One ne put qu’accéder à la demande de la benjamine : que ne ferait-elle pas pour sa famille ?

Les minutes passèrent tandis que l’experte de Buckland travaillait via son téléphone portable pour que tout soit en place à son arrivée. Il fallait dire que la salle des ventes allait bientôt mettre en place une animation qui devrait amener énormément de monde et que pour ce faire, il fallait obtenir des pièces rares afin de permettre par la suite des ventes records.
Ce fut en pleine conversation que la jeune femme entendit la sonnette de l’entrée retentir. Terminant rapidement sa conversation téléphonique tout en marchant vers le hall d’entrée, Prue raccrocha au même moment où elle ouvrit la porte dans un grincement significatif.

Devant elle trônait une jeune femme aux cheveux ondulés et parfaitement coiffés. Ce devait être elle, la fameuse amie de Phoebe. Mais, avant de laisser entrer qui que ce soit, il fallait au préalable être sûre de l’identité de la personne en question.
Prenant le timbre de la voix si reconnaissable entre mille, Prue fut la première à lancer la conversation.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

Personne ne pouvait empêcher la Halliwell d’arborer sa tchatche professionnelle dont elle avait acquis toutes les petites subtilités. Tout le monde à Buckland trouvait qu’elle avait une telle aisance dans la manière d’aborder les gens ou même pour se présenter qu’ils pensaient que la jeune femme ferait une carrière des plus étonnantes au sein de la salle des ventes.

Bien entendu, Phoebe n’avait pas précisé dans combien de temps elle allait pouvoir revenir au manoir. Ce qui sous-entendait, bien sûr, que l’aînée des sœurs allait devoir faire patienter cette amie du mieux qu’elle pourrait jusqu’à l’arrivée de l’étudiante.
On pourrait sûrement croire que Prue n’aimait pas inviter du monde chez elle, mais c’était surtout parce qu’elle pressentait qu’elle arriverait en retard à son travail et que Claire allait, une nouvelle fois, lui passer un savon pour bien débuter sa journée.

Restant dans l’interstice de la porte, Prue attendait, esquisse de sourire aux lèvres, la réponse de la jeune femme. Viendrait sûrement ensuite la proposition d’entrer dans le manoir et de passer quelques minutes en sa compagnie dans le salon.
Il fallait absolument que Phoebe revienne au plus vite. Il n’y avait que cela qui trottait dans la tête de Prue, comme un tic tac qui se faisait de plus en plus fort à la mesure des secondes qui trottaient dans l’horloge de grand-mère ; c’était comme si ce bruit ne faisait que rappeler à l’experte qu’elle se mettait en retard au fur et mesure que le temps passait. Parfois, elle aurait aimé ne pas avoir le pouvoir de télékinésie mais bien celui de se projeter dans un autre endroit en un battement de cil.
Sa vie serait sans doute moins difficile à gérer.

Mais, on ne peut changer sa vie comme cela, ni ses pouvoirs. Après tout, d’après la prophétie sur les Charmed Ones, l’aînée devait être la plus forte des trois. Peut-être qu’un jour elle serait en mesure d’accomplir un tel exploit lui permettant d’avoir une vie beaucoup plus simple en sachant qu’elle devait concilier sa vie de famille, professionnelle et magique.
On pouvait le dire sans aucune retenue : Prudence Halliwell était l’incarnation de la femme moderne par excellence…

Arrivée au pied des marches du manoir des Halliwell, miss Palmer relue plusieurs fois l’adresse que lui avait donné son amie pour s’assurer qu’elle était arrivé à bon port. La bâtisse était pour le moins imposante et c’était elle avait à la fois un air mystique et ravissant. Il y avait beaucoup de maisons dans ce genre-là à San Francisco. C’était sa tout première visite au manoir, et elle était un brin chancelante, pour faire son premier pas à la montée de la petite volée de marches.

C’était bizarre, elle s’était persuadée qu’elle viendrait en ce lieu pour la première fois sur l’invitation de Piper. Car elle connaissait celle-ci depuis plus longtemps et elle s’entendait très bien avec elle, secrètement Meredith la considérait comme la grande sœur qu’elle n’avait jamais eue. Cependant elles se voyaient souvent en ville, au Quake plus précisément, car c’était là où elles s’étaient rencontrées et où elles se revoyaient très fréquemment. Depuis peu, c’était le P3 qui était devenu leur nouveau lieu de rencontre, puisqu’il s’agissait là du nouveau lieu de travail de Piper.

Mais non ! Si aujourd’hui elle s’apprêtait dans quelques secondes à toquer à la porte imposante des Halliwell, c’était suite à l’invitation de Phoebe. Cela faisait quelques semaines qu’elles se fréquentaient, même si Meredith avait l’impression de la connaitre depuis au moins trois mois. La plus jeune des sœurs était une vraie petite tornade, qui correspondait en bien des points à Meredith. Cette sorcière lui avait sauvé la vie, alors qu’elle avait manqué de peu, de se faire écraser par une voiture. Et depuis les deux femmes se recroisaient souvent à l’université où elles poursuivaient toutes deux leurs études, ou dans des lieux de sorties pour s’amuser, à deux ou avec un groupe d’amis.

Aujourd’hui elle devait voir Phoebe, pour qu’elles parlent toutes deux de modes. La plus jeune des sœurs Halliwell lui avait très longuement parlé de tout un tas de vêtements qu’elle avait et qu’elle voulait soit lui passer, soit lui présenter. Les deux filles avaient aussi prévus de tout un tas de choses et organiser un planning de sortie pour leurs soirées à venir. Meredith avait même l’intention de la conduire ensuite dans un petit café, peu connu en ville, mais qui recelait de véritables petits trésors.

Une fois devant la porte, elle pressa le bouton de la sonnette, tout en s’étonnant du fait que ce genre de demeure ne conserve pas un heurtoir. La petite brune n’eut pas à attendre avant qu’on vienne lui ouvrir la porte. Elle découvrit dans l’encadrement la seule des sœurs Halliwell qu’elle ne connaissait pas encore. Du moins elle ne l’avait jamais encore rencontré en personne avant ce jour. Elle lui sourit et lui tendit une main chaleureuse tout en se présentant :

« Bonjour ! Prue Halliwell, je suppose. Je suis Meredith Palmer, je viens voir Phoebe. »