La pièce était plongée dans le noir. Quoi de plus normal à cette heure de la nuit en même temps. La plupart des gens avaient déjà la chaleur de leur couette pour s'endormir paisiblement jusqu'au prochain lever de soleil. Quoique à y regarder plus en détail, seule la lumière d'un ordinateur permettait de trahir la présence d'un homme dans le bureau du FBI. Ce dernier ne bougeait pas d'ailleurs. Statique telle une pierre, il faisait face à un énorme livre dont il lisait le contenu avec une lenteur impressionnante. En réalité, l'agent Trottensickler luttait difficilement contre le sommeil qui cherchait par tous les moyens à le gagner à sa cause. Preuve en est, il n'avait même pas pris attention au fait que l'ampoule de sa lampe avait grillé ne lui laissant pour seule source de lumière que l'écran de son PC.

Erwan n'allait pas bien. Bien sûr, toute cette mise en scène le trahissait. Mais son mal était vraiment profond sans qu'il ne sache le comprendre. Il avait l'impression de ne plus être lui même ces derniers temps. Comme si une partie de lui, qu'il ne connaissait pas jusqu'alors, tentait de prendre contrôle de son corps pour le faire céder à des pulsions qu'il ne se connaissait pas. Fort heureusement, rien de meurtrier là dedans. Non il avait juste des envies... sensuels... voire sexuelles avec tout ce qui tournait autour de lui. C'était vraiment déroutant. Il avait beau être célibataire depuis un moment maintenant, cela ne justifiait en aucun cas l'envie soudaine qu'il avait eu pour une secrétaire, le baiser fougueux qu'il avait échangé avec un inconnu dans les toilettes d'un bar ou encore la gâterie que lui avait offert une ex qu'il s'était promis de ne plus revoir.

Quelque chose clochait chez lui. Et il en fut encore plus persuadé lorsque l'envie d'embrasser une collègue de bureau s'était manifestée en se terminant par une gifle monumentale. C'est pour cela qu'il avait préféré rester seul au bureau. Tout l'équipe était parti assez tôt et ainsi il savait qu'il ne croiserait plus personne jusqu'au lendemain. L'occasion pour lui de trouver la raison de cette... maladie qui le rongeait depuis... depuis cet incident de voiture où un homme s'était suicidé devant ses yeux. Était-ce là sa raison de dire oui à la vie ? Non non c'était grotesque.

Il doit bien y avoir une explication. Mes symptômes doivent être ceux d'une maladie ou un truc du genre...

Baillant honteusement en ouvrant grand la bouche, Erwan tourna la page de son livre et poursuivit ses recherches. Il était en pleine lecture d'un livre sur la médecine générale. Puisqu'internet n'avait rien donné, il espérait que les bons vieux bouquins sauraient l'aider à y voir plus clair. Bien sûr, il y avait toujours ces deux femmes qu'il avait croisé la dernière fois et qui semblaient souffrir de la même chose. Mais avant de les revoir, il avait besoin d'en savoir plus de son côté. Dans le couloir longeant les bureaux, la lumière s'était brusquement allumée. Mais absorbé par sa lecture, Erwan ne l'avait même pas remarqué.

La distance et surtout le temps passé loin de lui avaient eu raison de Noah. S’il avait décidé de faire cette formation, c’était pour être le coéquipier qu’Erwan méritait. Il ne voulait tout simplement pas être un boulet pour son partenaire et surtout, il voulait voir de la fierté dans les yeux de ce beau brun. Il savait qu’il avait de quoi être fier au niveau informatique mais sur le terrain, ce n’était pas encore ça. Du coup, rien de mieux qu’une remise à niveau et surtout un entraînement intensif pour pouvoir être enfin l’agent du FBI qu’il voulait devenir.

Durant ces longues semaines, la douleur avait été la maîtresse principale de Jefferson, tant physique que morale. Physique parce que les entraînements n’étaient pas simples et parfois même chaotiques et morale parce qu’Erwan n’était pas là et qu’il lui manquait beaucoup. Il avait longuement hésité à lui téléphoner ou bien même à lui envoyer un mail pour prendre de ses nouvelles. En se rendant à New York, le jeune informaticien ne se doutait clairement pas qu’il se ferait draguer de la sorte. Pourtant, un certains nombres de mecs avaient tout tenté pour le mettre dans leur lit. Mais Noah c’était toujours interdit de se laisser aller. D’une part parce qu’il était fou amoureux et d’autre part parce que le sexe pour le sexe ne l’intéressait guère.

La formation était à présent terminée et Noah se réjouissait déjà de retrouver Erwan. D’ailleurs, il n’avait pas hésité à prendre un train de suite, pas besoin de passer une nuit de plus à l’hôtel. Il passa donc une bonne partie du voyage dans la pénombre puisqu’il faisait nuit. Il espérait trouver son coéquipier au bureau. Il était tard, mais il savait qu’il arrivait assez souvent à Erwan de rester tard pour tenter de résoudre une affaire. Une fois sorti de la gare, se fut donc tout naturellement qu’il prit la route vers les bureaux du FBI et il fut ravi de voir qu’il y avait un peu de lumière. Il se précipita donc vers la porte d’entrée pour aller jusqu’à l’endroit de cette lumière. Une fois au plus proche d’Erwan et en faisant le moins de bruit possible, il posa ses mains sur ses yeux le cœur palpitant.

« - Qui est-ce ? »

Les pages du livre se présentaient une à une devant les yeux fatigués de l'agent Trottensickler sans réussir à captiver son attention. Le pauvre commençait à se dire que même la médecine ne parviendrait à expliquer ce dont il souffrait actuellement. Après tout, il s'agissait peut-être tout simplement de surmenage comme lui avait dit un de ses collègues. Un nouveau bâillement se manifesta et Erwan décida de desserrer son étreinte du livre. Il pencha la tête de gauche à droite comme pour se réveiller et c'est à cet instant qu'il remarqua la lumière allumée du couloir. Il n'était pas seul dans le bâtiment. Mais alors pourquoi n'avait-il vu personne jusque ici ? L'imagination du représentant de l'ordre poussa son cœur à s'emballer légèrement tandis qu'il s'apprêtait à se relever pour aller jeter un œil. Seulement, une ombre se referma sur lui déposant des mains sur ses yeux le rendant ainsi aveugle...

Le geste fut automatique et brutal sans que la question posée ne refrène la pulsion défensive de l'agent du FBI. D'une main il agrippa l'avant bras de son assaillant puis tira avec rage dessus pour l'obliger à passer au devant. Il poursuivit son action en claquant le corps de l'autre contre son bureau et bloqua son bras derrière son dos pour qu'il ne puisse plus bouger. Ainsi le dominant était devenu le dominé sans avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait. Ce qui était étonnant fut de voir qu'il n'y avait aucune envie de se débattre chez l'individu. Mais bon la fatigue et la pénombre n'aidaient pas Erwan.

J'espère que tu as une bonne raison d'être là espèce d'enfoiré ! Brailla-t-il à son assaillant avec rage.

Et c'est là, dans le reflet de l'écran d'ordinateur qui restait l'unique source de lumière du bureau, que le visage de Noah se dessina. Un visage pincé par la douleur mais il n'y avait pas d'erreur possible. Prenant conscience de sa regrettable erreur, Erwan lâcha prise et fit quelques pas en arrière. Il fila ensuite vers l'entrée où il actionna l'interrupteur qui redonna vit à la pièce. Cette fois-ci il n'y avait plus d'hésitation possible : Noah Jefferson, l'une de ses dernières recrues, était bien de retour. Le pauvre avait été la victime des angoisses actuelles du chef de la brigade.

Oh excuses moi Noah. J'ai cru que... Enfin tu m'as eu par surprise. J'espère que je ne t'ai pas fait mal. Je... Je n'savais pas que tu revenais déjà de ta formation. J'avais cru comprendre que cela pouvait durer encore un mois.

Un peu perdu et confus de la situation, Erwan s'était exprimé en frottant son visage comme l'aurait fait un élève timide devant son professeur. Toutefois, cette apparition surprise de son partenaire avait au moins le mérite de lui avoir fait oublier son problème... du moins pour le moment.

Noah ne voulait que lui faire une surprise. Il était tellement heureux de le revoir qu’il ne pouvait tout simplement pas attendre le lendemain pour lui dire qu’il était de nouveau de retour. La formation était terminée et il en était ravi. Non mais qu’il n’avait pas appris beaucoup de chose en partant. Mais il ne pouvait clairement plus vivre si loin d’Erwan. Malheureusement, son coéquipier avait tout simplement l’air d’être tendu et surtout sur ses gardes. Sans que le jeune Jefferson n’ai le temps de dire quoique ce soit, le voilà rapidement désarçonné et surtout avec une douleur au bras. Son sexy coéquipier venait rapidement de lui faire une clé de bras pour l’immobiliser. Son ton était grave. La seule bonne raison d’être ici c’était tout simplement de le retrouver et donc de le voir. Noah hurlait de douleur. Finalement, sa formation ne lui avait servi à rien, il était déjà dans de beaux draps et pourtant ce n’était que son supérieur.

« - AIE !!!! Mais Erwan, c’est Noah !! Lâche moi !!! »

Par chance, Erwan se rendit rapidement compte de son erreur. Il lâcha Noah d’un geste brusque tout en se confondant en excuse. Il avait été surpris, ce qui avait été clairement le but. Mais comme venant de le dire mon beau et sexy coéquipier, il ne savait pas que je rentrerais aussi rapidement. Effectivement, la formation pouvait durer encore un bon mois. Mais je m’étais échappé. Je n’en pouvais plus. Et puis franchement, c’était déjà bien assez chiant comme ça.

« - Excuse-moi, effectivement, j’aurai dû te prévenir mais je voulais te faire la surprise. Mais je ne pensais pas que tu réagirais de la sorte. En tout cas j’espère que ça te fait plaisir de me revoir. En tout cas moi je suis content de revenir. Le boulot me manquait. »

C’était la vérité. Bon maintenant, Jefferson ne se voyait pas lui dire qu’il était surtout revenu pour lui. Il avait beaucoup d’assurance quand il était seul mais maintenant qu’Erwan était devant lui, il était comme un enfant devant le Père Noël, totalement perdu et timide. Que dire de plus… Il ne savait pas, il se frottait le bras pour faire disparaître la douleur.

« - Sinon, beaucoup d’affaires en cours ? »

Terriblement gêné, Erwan observait son collègue avec une mine de chien battu. Il n'avait pas voulu le maltraiter ainsi. Mais le fait est que les circonstances n'avaient pas aidé Noah à être accueilli comme il se doit. Il était tard, plus personne ne trainait dans les bureaux à ces heures là, Erwan était plongé dans le noir, il luttait toujours contre ce virus étrange qui le dévorait de l'intérieur... Et puis il ne fallait pas oublier que l'agent Jefferson ne devait rentrer que le mois d'après. Bref, tous les éléments allaient à l'encontre d'un retour surprise.

La vie reprenant au cœur du bureau du FBI grâce aux néons qui clignotèrent avant d'illuminer la pièce, Erwan revint auprès de Noah lui tapotant l'épaule comme pour contrôler qu'il n'avait pas causé de dommage à son coéquipier. C'est là que la première vague se manifesta. Il sentit le muscle de son partenaire se tendre et se souvint un bref instant du corps qui se cachait sous cette fine couche de tissu. La voix de Noah s'éleva pour s'excuser mais les yeux d'Erwan fixèrent avec envie les lèvres désireuses qui se mouvaient au rythme de ses mots. Oui une nouvelle pulsion incontrôlable s'emparait d'Erwan et par chance il était le plus fort... du moins pour le moment. Il s'écarta alors de son acolyte et préféra détacher son regard de lui.

Non... enfin oui je suis content de te revoir car on manque de bras par ici. C'est juste qu'en ce moment j'ai quelques petits soucis que je ne sais comment gérer. Du coup, j'avoue que je suis un peu à cran. C'est donc à moi de m'excuser.

Erwan rejoignit alors son bureau et s'installa de nouveau confortablement sur son fauteuil. Regardant rapidement son écran d'ordinateur, il en éteignit les quelques pages internet qui parlaient de virus, de phénomène paranormaux et des différentes façons dont les vices relatifs à la luxure font surface chez l'homme. Il n'avait pas envie d'élever la curiosité chez son collègue. D'autant que cette histoire ne le concernait que lui. Il releva alors la tête et ce fut là que la deuxième vague de désir le frappa. Noah ne faisait que se frotter le bras et pourtant ça avait l'air tellement sensuel qu'Erwan ne put éviter de laisser son imagination aller plus loin. Il avala difficilement sa salive et tandis que Noah lui posa sa dernière question, il claqua son dos sur son dossier de chaise et tira un peu sur son col de chemise... Il faisait un peu trop chaud à son goût.

Euh... Des affaires... Euh.. Affaires... Oh non non pas vraiment ! On piétine toujours sur cette histoire de disparition d'enfants qui remonte à quelques années et que la police a classé sans suite. Seulement je suis sûr qu'on loupe quelque chose. Sinon on vient de nous mettre sur la disparition d'une jeune fille... La vingtaine, elle était en soirée avec des gens de son âge... On a retrouvé du sang sur les lieux. La piste d'un meurtre avec possible viol a été soulevée. Tu peux trouver tous les détails de l'affaire dans le programme.

Parler de ces affaires avaient eu pour effet de refréner les ardeurs de l'agent Trottensickler. Là était peut-être la clé de son mal. Du moins le temps que Noah lui tienne compagnie et décide de partir. Il s'empressa donc de retrouver le dossier de meurtres récents et débuta une analyse des photos des corps mutilés. C'était horrible.. Mais au moins il ne pensait plus à... Enfin il restait concentré.

Noah n’avait vraiment pas compris la réaction de son coéquipier, peut-être était-il sous tension par rapport à certaines affaires en cours ou bien tout simplement fatigué ? En tout cas, le geek avait franchement eu les jetons. Finalement, la formation n’avait pas encore eux les effets escomptés, le jeune homme n’avait pas réussi à se défendre face aux assauts d’Erwan qui avait une force bien plus importante que la sienne. Et puis, il ne s’attendait vraiment pas à ce genre de réactions de la part de son collègue. Maintenant, il savait qu’il devait arrêter de faire ce genre de surprise, qu’Erwan était du genre à psychoter et donc à user de la violence. Maintenant, que Noah était libre de ses mouvements et que la douleur s’estompait. Il fut rassurer d’entendre que son collègue était content de le revoir. Il s’était même excusé. Pas de quoi fouetter un chat et d’ailleurs le jeune geek ne lui en voulait pas du tout.

« - Ce n’est rien je comprends bien que l’on puisse être à cran. J’ai juste été surpris par une telle réaction. Mais tu es tout pardonné ne t’inquiètes pas Erwan. »

Finalement, l’atmosphère était redevenue normale même si Erwan agissait encore étrangement au goût de Noah. Il avait l’air gêné d’être en sa présence. Enfin tout du moins, c’était ce que ressentait le jeune homme. Une fois son coéquipier assis sur sa chaise de bureau, il le rejoignit et l’écouta parler des affaires en cours. Il y avait toujours cette sombre affaire de disparition d’enfants mais aussi d’autres affaires tout aussi inquiétantes. Durant sa formation, le monde n’avait pas changé, il était toujours peuplé de dégénérés qui faisaient le mal autour d’eux. Sans trop réfléchir, Noah vint poser ses mains sur les épaules d’Erwan pour commencer à le masser et qu’il se détende. Il était bien trop sous pression pour travailler dans de bonnes conditions. Il fallait qu’il se détende. C’était bien souvent quand on avait les idées claires et qu’on était détendu qu’on trouvait des indices qui étaient pourtant sous nos yeux ou bien que l’on trouve une piste intéressante à exploiter.

« - Détends-toi Erwan, ça va aller, je vais vous donner un coup de pouce sur ces affaires je me suis encore perfectionné en information et même si ça c’est pas vu là, je suis bien meilleur sur le terrain maintenant... »


C’était la stricte vérité…

Erwan pensait avoir trouvé l'alternative à son mal. En même temps, à l'exception d'un pervers sexuel, des corps mutilés baignant dans une marre de sang aidaient énormément à calmer les ardeurs d'une personne. Cela opérait comme un traitement sur une maladie agressive. Notre agent avait donc cette sensation d'aller mieux et se concentra alors pleinement sur l'affaire de la disparition. La photo d'un morceau de doigt arraché s'afficha sur son écran et lui tira même une légère grimace. Le mal semblait vaincu... Mais cela n'était que ruse.

Pianotant sur son clavier, Erwan se crispa lorsqu'il sentit quelque chose se poser sur ses épaules. Noah. Son coéquipier s'était glisser derrière lui et entreprenait à présent un massage. Sans doute parce qu'il avait bien remarqué qu'Erwan était à cran. Sans doute par excès de gentillesse. Sans doute sans arrière pensée. Seulement, ce contact physique fut l'étincelle qui anima de nouveau le volcan que l'agent tentait de contenir difficilement. Chaque parcelle de son corps se mit à vibrer, lui offrant des frissons de plaisir inavouables. Il se mordit les lèvres et même s'il savait que cela n'était pas une bonne idée, Erwan bascula la tête pour profiter toujours plus de cet échange sensuel.

Seuls les mots « détends toi » résonnèrent dans la tête d'Erwan. C'était comme si le virus dont il était la proie lui bloquer tout autre sentiment. Il n'avait qu'une envie : Le désir. Basculant sa tête sur la droite, sa joue se posa sur la main de Noah. Une simple caresse... mais qui lui procura un plaisir un immense. Des bouffées de chaleur envahirent Erwan qui passa un doigt au niveau de son col de chemise pour en desserrer l'étreinte. Il avait besoin d'air... Il avait de... Laissant sa pulsion parler, il fit tourner sa chaise, dévora son coéquipier du regard et se jeta sur lui. Avec un côté bestial, il embrassa sans retenue Noah jusqu'à le plaquer contre le mur présent juste derrière lui. Ses baisers s'enchainèrent jusqu'à descendre jusqu'à son cou. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter. La Luxure venait de gagner encore plus de terrain.

Toutefois, c'est en s'écartant une fraction de seconde des lèvres de sa nouvelle proie qu'Erwan eut un temps de clairvoyance. Qu'était-il entrain de faire ? Tentant de refréner ce que son corps lui demandait de faire, il se recula pour aller se poser contre son bureau. Le pauvre ne savait plus où se mettre. Que lui arrivait-il bon sang ? Et Noah... Quelle réaction allait-il avoir sur son comportement ? Lui qui avait été clair depuis leurs retrouvailles. Préférant prendre les devants, Erwan tenta de s'expliquer.

Je... Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a prit... Je... Je ne vais pas bien en ce moment.

Si on avait dit à Noah qu’il n’avait juste besoin que d’un petit massage des épaules de son coéquipier pour se retrouver dans une position aussi délicieuse, il l’aurait fait depuis bien longtemps. Parce que même s’il avait fait croire à Erwan qu’il n’était clairement pas venu ici pour lui mais pour le boulot, c’était du flan. Non, il était venu parce qu’il avait ressenti quelque chose en passant une nuit passionnée et passionnelle avec lui. Ce petit quelque chose qu’il avait ressenti lui avait fait dire qu’il pouvait vivre quelque chose de fort avec l’agent du FBI.

Il n’avait donc fallu que d’une chose, qu’il passe ses mains sur les épaules d’Erwan, qu’il lui demande se détendre pour qu’il se retourne et qu’il finisse par se jeter sur lui pour le cogner carrément contre le mur derrière lui. Noah était surpris de sentir à nouveau les lèvres de son coéquipier contre les siennes mais cette surprise fut rapidement enlevée pour laisser place à une certaine envie et à une certaine excitation. Erwan était quelqu’un de sensuel et de tactile et il l’était en cet instant précis. Il le dévorait avec ses baisers de plus en plus passionnés ce qui plaisait énormément au hacker. Oh oui, il aimait sentir les lèvres du beau brun contre les siennes ou contre son cou. C’était appréciable et il ferait tout pour en avoir le plus longtemps possible.

Pourtant, l’instant d’une respiration, d’un regard et le voilà qui recule pour venir s’appuyer contre son bureau. Noah ne comprenait plus rien. Pourquoi rebroussait-il chemin. L’as de l’informatique était tout à fait conscient que s’ils finissaient par coucher ensemble, ça ne voudrait rien dire. Il était adulte et n’était donc pas contre pour une nuit qui n’aurait aucune incidence sur leur avenir. Erwan s’était rapidement excusé en lui disant qu’il ne savait pas ce qu’il lui avait pris mais qu’en ce moment il n’allait pas bien et que cela expliquait donc son comportement. Noah ne put s’empêcher de s’approcher vers lui et de poser ses mains sur les joues de son coéquipier. Il prit la parole en caressant tendrement le visage d’Erwan.

« - Tu n’as pas à t’excuser Erwan ! Si je ne voulais pas que tu m’embrasses et bien plus même ! Je t’aurai repoussé ! On peut très bien se laisser aller sans que ça n’influe sur notre travail ou même notre amitié d’accord ! Alors détends-toi et si t’en as envie embrasse moi ! »

Noah lui avait dit tout ça en le regardant dans les yeux, étant le plus sincère possible…

Le virus avait contaminé chaque parcelle du corps d'Erwan, faisant tomber une à une les barrières qu'il avait si durement construites en lui. Comment cela était-il possible ? Comment ses désirs refoulés pouvaient-ils reprendre le pouvoir au dépend de sa volonté même ? Assis sur le bord de son bureau, Erwan n'osait même plus regarder son coéquipier. Il se sentait sale... Pourquoi agissait-il ainsi depuis plusieurs semaines en imposant ses pulsions à toute personne qui croisait son chemin ? Jusque là, il avait réussi à reprendre conscience à temps. Mais là, quelque chose lui disait qu'il serait difficile de batailler contre ce vice qui le tourmentait. Car au delà du péché se cachait également un amour oublié. Le duo ne faisait donc pas bon ménage et Erwan le savait.

Lorsque la main de Noah se posa sur sa joue pour l'obliger à le regarder, des frissons parcoururent le corps de l'agent du FBI. Des picotements le long de l'échine le firent même vibrer. La luxure l'enroulait petit à petit dans son drap de soie. Il ne put alors que pencher la tête contre les mains de cet homme qui lui offrait de petites caresses. Ça voix délicieuse lui ouvrit alors son cœur... Des mots qu'Erwan ne voulait pas entendre. Ils étaient comme un appel supplémentaire à la tentation. L'envie se fit alors plus forte en Erwan dont les yeux larmoyants trahissaient son combat perdu d'avance contre le mal qui le tourmentait. Il se mordilla les lèvres en continuant de fixer du regard son collègue.

Non c'est... Enfin je ne veux... Tu dois savoir que...

Comme si la luxure avait une emprise sur la parole de l'agent Trottensickler, il n'arriva pas à terminer la moindre phrase. Des frissons rythmant à chaque fois ses tentatives d'explications. Et puis, il craqua. Tout s'effondra autour de lui le laissant alors naviguer librement dans l'univers des plaisirs charnels. Il se rua de nouveau vers l'agent Jefferson et l'embrassa encore plus sauvagement que la première fois. Ses mains lui massèrent tendrement le torse jusqu'à ce que l'envie de lui arracher sa chemise le prenne. Plaquant de nouveau Noah contre le mur, ses baisers descendirent à nouveau dans son cou pour descendre progressivement plus bas... La Luxure leur offrit alors des ébats pendant une longue partie de la nuit.

Lorsqu'Erwan reprit maîtrise de ses envies, il se trouvait allonger sur l'un des canapés du local du FBI qu'ils utilisaient pour les pauses cafés. Noah lui, était parti aux toilettes. Se rendant alors vraiment compte de ce qui venait de se produire, l'agent Trottensickler décida de fuir... Rentrer chez lui était déjà la première chose à faire. Après... Après il réfléchirait à ce qu'il conviendrait de faire. Ce qui était sûr, c'est qu'une telle chose ne devait plus jamais se reproduire. Mais comment faire ? Se suicider peut-être... non non il ne fallait pas être aussi fataliste.

A moitié rhabillé, Erwan quitta silencieusement le bureau sans attendre le retour de son amant. La Luxure venait une fois de plus de gagner du terrain approchant sa victime toujours plus près de la mort.

Fin pour moi
Miciiii mon ti Choupinet !!!